27 août 2007

Le "no-kill" aurait-il la faveur des écologistes ?

Un concours de pêche au requin à la ligne qui s'est tenu le 18 août dernier au large de Noirmoutier a déclenché la colère d'organisations écologistes (WWF et Greenpeace), qui ont tenté d'obtenir l'interdiction de la manifestation. Les requins peau bleue devaient en effet être ramenés au port pour être vendus à la criée au profit de la SNSM. (Voir : http://www.wwf.fr/actualites/concours_de_peche_au_requin_a_noirmoutier_un_safari_d_un_autre_age).

Finalement le concours a bien eu lieu, mais pour couper court aux polémiques les organisateurs ont pris la décision d'imposer le no kill aux participants. Jusque là rien de très intéressant, le no kill étant déjà la règle dans la plupart des concours de pêche en mer comme en eau douce. Ce qui a attiré mon attention est plutôt le fait que Greenpeace se réjouisse de cette décision, comme le soulignent les deux citations suivantes d'un article paru sur leur site internet :

1- "Greenpeace France se félicite que les organisateurs du challenge “peaux bleues” de Noirmoutier (une compétition de pêche au requin dite sportive) aient finalement décidé d’imposer le “capturer/relâcher vivant” (no kill) aux participants."

2- "Le no kill doit devenir le standard, y compris sur la façade méditerranéenne où c’est le thon rouge qui est ciblé..."

Cette réaction est intéressante car jusqu'à présent tout laissait penser que les écologistes étaient hostiles au concept de no kill pour la pêche de loisir. On sait en effet que les Verts allemands ont réussi à faire interdire cette pratique outre-Rhin (où tout poisson capturé et maillé doit être tué immédiatement, en compétition comme en pêche de tous les jours). Le motif étant que pêcher pour d'autres raisons que se nourrir (pour se divertir uniquement) serait un acte de cruauté gratuite, moralement inacceptable.

Même si l'intention de départ était d'interdire ce concours, le fait que Greenpeace se félicite de la décision d'imposer le no kill et considére qu'il doit devenir le standard en compétition est plutôt de bon augure.

12 août 2007

Faut-il se réjouir de la pollution ?

Formulée ainsi la question peut passer pour une provocation. Et bien sûr s'en est une.
La vraie question est "Peut-on se réjouir de l'interdiction de la consommation du poisson de nos lacs et rivières pour cause de pollution aux métaux lourds ou PCB ?". (un lien sur le sujet)
Mon sentiment est que oui...


Mais sûrement pas pour les mêmes raisons que j'ai pu lire un peu partout sur les forums de pêcheurs "modernes". A savoir que ces mesures de précaution font de certains de nos fleuves de gigantesques parcours "no kill", qu'elles vont décourager les "viandards", etc. J'ai même pu lire, comble de la bêtise, qu'avec un peu de chance ces fameux "viandards avaient consommé assez de pois(s)on pour être contaminés à leur tour.

Avec ce genre de raisonnement égoïste et "petit-boutiste" on est vraiment dans l'idéologie de bas étage ou dans
l'humour aussi lourd que les métaux en question. Même si la comparaison est osée, ça me fait penser à certains catholiques intégristes qui se réjouissaient de l'apparition du Sida au motif que cela allait forcer les fornicateurs à l'abstinence.

On oublie l'essentiel, qui est que les poissons vivent dans l'eau et sont les premières victimes de ces pollutions même si elles
ne les tuent pas forcément.
Mais aussi qu'avoir des eaux riches en poissons impropres à la
consommation humaine ne peut en aucun cas être considéré comme une victoire ou un progrès, sauf à considérer notre environnement comme un simple "terrain de jeu", quelque chose dont nous ne ferions pas vraiment partie.

Dans ces conditions, comment peut-on trouver dans ces nouvelles motif à se réjouir ? Tout simplement parce que ces pollutions, qui existent depuis longtemps, n'avaient jamais été vraiment prises en compte. Ne pas reconnaître la gravité de la situation, c'était se dispenser de s'attaquer à ses causes.
Et c'est ce qui est en train de changer : le mythe de l'amélioration de la qualité des eaux ("dormez braves gens, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles") est en train de tomber. Il y a eu des efforts de faits, c'est certain, mais les excès du passé et du présent ont laissé des traces irréversibles.

On peut donc supposer (ou alors c'est à désespérer de tout) que cet "aveu de pollution" et la psychose qu'elle entraîne aboutiront à un durcissement de la législation sur les rejets polluants et à des contrôles plus contraignants. Voire même, on peut rêver, qu'elle incitera nos élus à se pencher un peu mieux sur le cas de l'agriculture moderne, de ses pesticides, insecticides, désherbants et autres OGM qui nous préparent des lendemains qui déchantent.

En résumé, puisque cette pollution est là, autant en parler et médiatiser l'affaire au maximum, puisque dans ce genre d'affaire il n'est rien de pire que l'ignorance et l'indifférence. Quant à se réjouir de la désertion des "viandards", c'est voir le monde au travers du prisme déformant de son propre nombril.