25 août 2008

Open AFCPL du Bourget : gagnez un séjour à Orellana

Ce concours est désormais un grand classique pour tous les compétiteurs du circuit leurres désireux de marquer des points au classement brochet.

Cette année une soixantaine de bateaux sont attendus les 6 et 7 septembre, et les organisateurs ont décidé d'offrir une dotation exceptionnelle aux vainqueurs : les deux pêcheurs de l'équipe gagnante se verront offrir un séjour d'une semaine pour pêcher le brochet sur le fameux lac d'Orellana, en Espagne. La valeur de ce séjour est estimée à 1000 euros.

Contact : Dominique Colliard - 06 09 40 42 80 - Colliard.dom@club-internet.fr

21 août 2008

BBF : Franck Rosmann passe la main

Franck Rosmann, fondateur et président historique de l’association Black Bass France, a décidé de passer le flambeau. Même s’il reste membre actif de l’association, c’est une page de l’histoire de la pêche aux leurres en France qui se tourne.
Voici l’occasion de faire une petite rétrospective sur cette association et ce qu’elle nous a apporté, et pas seulement dans le domaine de la protection et promotion du black bass.

Aline RosmannChef de produit pour la société Sakura (SERT) depuis 2006, Franck avait de plus en plus de mal à concilier à la fois ses obligations professionnelles, familiales, et ses fonctions à la tête de BBF.
De plus, son déménagement sur Bordeaux l’avait écarté des autres membres historiques du bureau de l’association, ce qui rendait compliqué la tenue des réunions de travail.

On ignore encore qui sera son successeur. Plusieurs personnes seraient intéressées mais aucune décision n’a encore été prise.

Franck va désormais se consacrer davantage à sa vie de famille et à sa compagne, Aline.



L’appel du 18 juin...

BBF a vu le jour le 18 juin 1994, sur l’initiative de quelques passionnés, donc Franck faisait évidemment partie. Bien que l’association n’ait jamais comporté un grand nombre d’adhérents (autour de 200 en moyenne, avec une légère tendance à la baisse ces dernières années), elle s’est montrée très active que ce soit dans le domaine de la protection du black bass, sa raison d’être, ou dans la promotion de nouvelles pratiques (catch and release) et de nouvelles techniques de pêche aux leurres (spinnerbait, poissons nageurs, jig, casting, bassboats, etc.)

Son principal « fait d’armes » en matière de protection du bass, c’est évidemment l’action pour l’augmentation de la taille légale de capture pour cette espèce, qui est passée de 23 à 30 cm (BBF avait demandé 35 cm et monté un dossier scientifique pour étayer cette demande). Cette avancée est à mettre au crédit de Jean Claude Franck RosmannBauguil, alors président de la fédération de l’Aveyron et membre de BBF, soutenu dans sa proposition par Patrick Ruffié, aujourd’hui président de la fédé du Lot, du Challenge Interdépartemental et de la commission des pêches spécialisées au sein de la FNPF.

Les actions de BBF en faveur de l’expansion du black bass en France, qu’il s’agisse de propositions d’introduction ou d’assistance aux gestionnaires désireux de tenter l’aventure, ont eu des effets moins visibles, mais par le biais de ses antennes régionales des projets ont abouti en Île de France, en Poitou-Charente, en Aquitaine, en Auvergne, etc.

Nouvelle vague

Mais c’est sans doute dans le domaine de l’évolution des mentalités et des pratiques que l’influence de BBF a été la plus spectaculaire, et là ce ne sont plus quelques centaines de membres qui sont concernés, mais des milliers ou même dizaines de milliers de pêcheurs de carnassiers, et toute l’industrie et le commerce qui tournent autour.

Sans doute cette évolution aurait-elle eu lieu sans BBF, puisqu’elle était inscrite dans l’ère du temps, mais il faut rendre à César ce qui lui appartient : c’est BBF qui en France est à l’origine de la pêche moderne des carnassiers aux leurres.

L’intérêt de ses membres pour les techniques et le matériel venus des USA puis du Japon, leur implication dans les compétitions carnassiers en France, leur militantisme sur les salons professionnels et au sein des revues halieutiques, tout ceci a contribué au renouveau de notre loisir.

École BBF

On peut quasiment parler d’une école BBF, au sens de "courant de pensée". Aujourd’hui encore, de nombreux membres ou anciens membres de l’association occupent des fonctions clef au sein d’entreprises fabricant ou important du matériel hi-tech, écrivent pour des revues, militent au sein d’associations ou isolément (guides de pêche) pour une autre gestion des ressources piscicoles, occupent le devant de la scène par leurs résultats en compétition, etc.


Franck au salon de ClermontFranck Rosmann est aujourd'hui chef de produit chez Sakura

L’un des membres les plus anciens et des plus actifs de cette école est sans doute l’honorable Hiroshi Takahashi, alias « Hiro », fondateur de Lucky Craft France puis de la marque Illex pour le compte de la société Sensas, également à l’origine, par le biais du célèbre Sammy (un stickbait de chez Lucky), du très fort engouement pour la pêche sportive du bar aux leurres de surfaces dans un premier temps, puis aux leurres d’une façon plus générale.

La mode des bassboats et autres bateaux de pêche ultra équipés, ou encore du baitcasting, est également à mettre à l’actif de BBF, et notamment de la participation de certains de ses membres aux compétitions carnassiers, avec du matériel de ce type, qui a l’époque était une grande nouveauté. On pense évidemment au duo Rosmann – Poulain, qui en remportant une belle série de victoires lors de la saison 2000 du Challenge, a beaucoup contribué à attirer les pêcheurs aux leurres vers la compétition, et a préparé le terrain à ce qui est aujourd’hui devenu un circuit à part entière (AFCPL).





Dérives


Évidemment, cette (r)évolution ne s’est pas faite sans quelques heurts ni excès, notamment de la part des plus radicaux ou des plus jeunes membres de l’association, parfois excédés de voire les choses évoluer trop lentement à leur goût. L’association a parfois souffert d’accusations d’extrémisme sur le sujet du no-kill, d’ostracisme à l’égard des pêcheurs traditionnels aux appâts naturels ou de snobisme « fashion victim style » dans l’étalage de matériel haut de gamme très coûteux.

Ces dérives inévitables et qu’il convient de prendre avec philosophie (les querelles entre anciens et modernes sont vieilles comme le monde) ont toutefois toujours été condamnées par l’association, au moins dans leur principe. Elles ne doivent en tout cas pas occulter le rôle moteur de BBF dans l’avènement de la pêche moderne des carnassiers telle que nous la connaissons aujourd’hui.


Laurent Poulain, ici avec son fils Tristan. L'un des plus anciens compétiteurs et membres de BBF, il a longtemps fait équipe avec Franck Rosmann en concours.

Franck Rosmann s’était d’ailleurs expliqué à ce sujet, répondant aux accusations dans une interview qu’il m’avait accordée pour le magazine la Pêche et les poissons (sous le titre « Nous ne sommes pas des intégristes » - Avril 2001).

Au risque d’allonger déraisonnablement ce billet, je ne résiste pas à la tentation de publier ici cette interview in extenso. Pour en comprendre l’aspect prémonitoire, il faut se rappeler qu’à l’époque on n’en était qu’aux balbutiements. L’AFCPL n’existait pas, le Challenge n’était pas encore interdépartemental, et se procurer un spinnerbait, un ensemble casting digne de ce nom ou un moteur à commande au pied relevait encore bien souvent du parcours du combattant. Séquence nostalgie...



Nous ne sommes pas des intégristes !

Franck Rosmann est président fondateur de Black Bass France, association dévouée à la promotion du bass et de sa pêche.
Avec son coéquipier Laurent Poulain, il a remporté le Challenge Carnassiers 2000 en employant des techniques peu connues en France.
Il répond à nos questions sur la compétition et l'avenir de notre sport en France.


P&P: Comment expliquer les très bons résultats de l'équipe Poulain-Rosmann lors du Challenge 2000, alors que ces concours avaient lieu dans des lacs que vous ne connaissiez pas, et sur des espèces que vous ne pêchez pour ainsi dire jamais ?

Franck Rosmann : Je pense qu'il n'y a pas une explication unique mais plusieurs, qui se sont ajoutées les unes aux autres.
Tout d'abord le fait que Laurent et moi avons une expérience certaine de la compétition carnassiers, puisque nous participons assidûment depuis quelques années aux concours black bass en Espagne, où le niveau est très relevé.
Concrètement, cela se traduit par une meilleure organisation, un état d'esprit peut être plus rigoureux. Et puis cela nous permet d'éviter certaines erreurs propres à la compétition ou de gagner du temps dans la recherche de la bonne stratégie parmi les différents "modèles de pêche" possibles, ce que les Américains appellent les "patterns".
Cette expérience de la compétition permet également de bien résister à la pression, de pêcher concentré mais décontracté, et de ne pas laisser passer sa chance en perdant bêtement le poisson qui coûte la première place.
Et puis, pêcher avec un partenaire que l'on connaît bien est un atout supplémentaire. En compétition l'aspect psychologique, le "mental" comme on dit, est incroyablement important, la moindre mésentente peut être désastreuse.

P&P: Certes, mais il y avait d'autres équipes soudées, habituées de ces rencontres et connaissant ces lacs mieux que vous, donc l'expérience n'explique pas tout...

Franck Rosmann : La technique a certainement joué aussi, car nous avons utilisé dés le départ des leurres à bass que les poissons n'avaient pas l'habitude de voir, comme les spinnerbaits et les jerkbaits, qui sont excellents pour faire réagir le brochet. Il y a d'autres leurres à bass comme le jig, que nous aurions pu essayer, mais qui nous ont semblé plus anecdotiques dans des grands lacs comme ceux-là où il faut couvrir du terrain.
Il est difficile de mesurer l'impact de la nouveauté sur les résultats, mais en général quand on pêche avec un leurre inconnu des poissons, les chances sont meilleures que si on leur propose la même chose que tout le monde. De plus ce sont des leurres que nous utilisons très souvent pour le bass, et que nous maîtrisons bien. Bien souvent il n'en faut pas plus pour faire la différence.

P&P: Finalement, vous avez abordé ce Challenge comme s'il s'agissait de concours black bass...

Franck Rosmann : Exactement, et l'expérience des grands lacs espagnols comme Caspé nous a bien servi, car en fait, quand on a l'habitude des barrages on s'aperçoit que la façon de les aborder varie assez peu.
Mais tout de même, nous avons un peu modifié notre technique pour essayer de l'adapter au brochet. Par exemple nous avons utilisé des leurres plus gros en moyenne, et nous avons prospecté surtout les couches superficielles, là où l'on trouve les brochets les plus mordeurs. Tandis que pour le bass en barrage il nous arrive plus souvent de racler le fond.

P&P: Avant le Challenge, les noms de Rosmann, Poulain ou BBF n'étaient connus que du cercle des "bassmen". Est-ce que ça a changé aujourd'hui, quel a été l'impact ?

Franck Rosmann: À titre personnel cela nous a apporté un peu de notoriété, mais le plus important, je pense, c'est que les succès des équipes de BBF ont aidé à la reconnaissance de techniques nouvelles, de nouveaux matériels et même de nouveaux comportements.
C'était très sensible en interne, au sein du club, où ce sentiment de reconnaissance a déclenché une certaine excitation. Après, dire que cela aura une influence sur l'ensemble des pêcheurs de carnassiers serait sûrement très prématuré, mais sur les salons par exemple, je constate que désormais les fabricants savent tous qui nous sommes et nous considèrent différemment.
De même, il est certain que les nombreuses photos de barques équipées en bass boats parues dans la presse ont eu une influence positive. Tout cela contribue à accélérer le processus de modernisation que l'on sent arriver depuis quelques années, et je ne cache pas que c'était mon principal objectif avec ses compétitions.

P&P: "modernisation", faut-il comprendre que selon vous la pêche des carnassiers en France est archaïque ?

Franck Rosmann: Disons que nous aimerions faire passer certaines idées sur le comportement quand on va à la pêche, sur l'importance de la connaissance des poissons, sur le fait que la pêche est plus complexe mais aussi plus intéressante que ce que pourraient parfois laisser croire les journaux télévisés sur l'ouverture de la truite ou autre.
Ces concours montrent aussi que l'on peut très bien attraper du poisson et le remettre à l'eau avec des pourcentages de survie élevés.

P&P: Justement, parlons des sujets qui fâchent: on a reproché à BBF d'être un mouvement intégriste inconditionnel du no kill...

Franck Rosmann: Oui, j'en ai entendu parler et j'ai également eu pas mal d'appels téléphoniques à ce propos.
Il y a effectivement un passage dans le règlement de BBF qui dit que les membres s'engagent à remettre à l'eau la totalité des black bass capturés en France.
Compte tenu de la mauvaise situation du bass dans 90% des sites de l'hexagone, le bureau a souhaité effectuer une sélection des membres par ce biais là, mais il ne s'agit dans notre esprit que d'une mesure de protection provisoire. Nous sommes les premiers à souhaiter que dans un avenir proche on puisse sans conséquences prélever un ou deux bass par sortie, mais ce n'est pas le cas actuellement.

Manger le produit de sa pêche n'est pas un péché, et par ailleurs nous sommes parfaitement conscients, au vu de ce qui se passe dans d'autres pays où le no-kill est appliqué depuis longtemps, que ce n'est pas un mode de gestion efficace et naturel.

P&P: Ça c'est pour le bass qui est un cas particulier, mais concernant d'autres espèces comme le brochet ou le sandre, quelle est votre position ?

Franck Rosmann: Elle est à peu près la même. Pour le brochet, qui est l'espèce la plus mal en point, on agit pareil. On remet des poissons à l'eau, mais quand on veut en manger un de temps en temps on le garde.
Notre objectif n'est pas de définir des règles mais plutôt de forcer les gens à réfléchir. Il semble que ça ait marché, puisque si les gens réagissent là dessus c'est qu'ils se posent des questions sur BBF et autre.
Après, que l'on nous prenne pour des intégristes, c'était justement ce que nous voulions éviter, et peut-être que nous avons raté notre communication sur ce point. Il se peut aussi que ce ne soient que des rumeurs véhiculées par quelques personnes.

P&P: En tout ça cela montre que la compétition peut déclencher les passions, ce qui n'est pas vraiment une surprise. Comment voyez-vous l'avenir de ces rencontres carnassiers en France ?

Franck Rosmann: L'organisation d'un éventuel vrai championnat demande énormément de travail si l'on veut que ce soit bien fait, ainsi que des moyens financiers, subventions ou sponsoring.

Cela suppose l'existence d'un organisme fédérateur indépendant, chargé de la coordination entre les dates et les règlements des rencontres. Le problème c'est que pour l'instant cet organisme fédérateur n'existe pas en France, comme c'est le cas en Espagne où c'est un club de pêcheurs qui est en charge de l'organisation et de la coordination.

Sinon, pour parler pêche, je serais assez partisan de l'organisation de concours par espèces, par exemple brochet, sandre ou bass uniquement. Je pense que cela mobiliserait plus facilement ceux qui se passionnent pour un poisson, et rendrait les résultats plus parlants. Et je ne crois pas que la fréquentation diminuerait, car la plupart des pêcheurs de carnassiers sont encore assez polyvalents.

P&P: On assiste à l'émergence d'une nouvelle catégorie de pêcheurs de carnassiers, qui se passionnent pour les leurres, le matériel haut de gamme et les techniques nouvelles comme les pêches de surface. C'est particulièrement flagrant avec le bar et le bass, mais cela s'étend maintenant aux autres espèces. Qui sont ces pêcheurs ?

Franck Rosmann: C'est difficile à dire, mais pour l'instant il me semble que l'on y trouve deux catégories.
La première est constituée de pêcheurs assez à l'aise financièrement, car ces nouveaux leurres et matériels restent encore assez chers et difficiles à trouver.
La deuxième est représentée par de jeunes pêcheurs passionnés pour ne pas dire fanatiques. Leurs moyens sont beaucoup plus limités mais ils compensent avec un enthousiasme parfois délirant. Certains y passent toutes leurs économies...

P&P: Cette passion pour le matériel et la technicité ne risque-t-elle pas de faire passer au second plan un aspect primordial de la pêche des carnassiers qui est la connaissance du poisson, de ses mœurs et du biotope ?

Franck Rosmann: Ce n'est pas impossible, et cela s'est déjà vu lors de l'engouement pour la pêche à la mouche ou celle de la carpe. Il y a toujours des types qui se la jouent un petit peu et essaient d'émerger du lot avec la "tchatche" ou dans ce cas précis en ouvrant les boites de leurres pour épater la galerie.

Mais il est clair que la preuve par neuf se fait au bord de l'eau et sur du long terme, et les compétitions sont justement très bien pour ça. Après tout, dans un groupe d'individus la question de savoir qui "pisse le plus loin" est toujours d'actualité... C'est humain, et la compétition est aussi un moyen, pour certains peut-être plus que pour d'autres, de montrer qu'ils sont meilleurs que le voisin.

Ceci dit, l'important est que toute cette passion contribue à créer une demande forte pour une pêche de qualité, plus de poisson mais du "beau" poisson, etc. C'est ce que nous essayons de promouvoir pour la bass, mais au final c'est à mon avis toute la pêche des carnassiers qui peut bénéficier de cette pression.