11 février 2009

Pollution de la Saône aux PCB

Joël Parcel dénonce la frilosité de la pêche associative.

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Bonjour Michel,

Je t'adresse en pièce jointe le contenu d'un article paru sur le journal " Le Progrès " de Lyon concernant la pollution aux PCB de la Saône.

Cet article démontre ce que nous savons depuis des années, mais confirme également le laxisme de l'état et, plus regrettable encore, des fédérations de pêche qui ferment les yeux quant aux risques d'empoisonnement des gens. On veut engranger des permis (fortement en baisse) mais en aucun cas on ne se décide à parler de protection du poisson.


Pour résumer l'incohérence et la mauvaise foi de ces Messieurs, il est interdit de consommer les poissons du Rhône et de la Saône, mais il est tout à fait autorisé de prélever sans retenue, du moment que le produit de notre pêche est détruit. Cela m'a été affirmé de vive voix par les gardes de la fédération. Hallucinant de médiocrité !

D'ailleurs, les nombreux pêcheurs amateurs aux engins continuent allègrement à poursuivre leurs méfaits, couverts par l'état et la fédé puisqu'ils ne sont pas habilités à vendre le produit de leurs pêches, ce dont on est en droit de douter. En admettant que ces pêcheurs ne vendent pas leurs poissons, et faisant la relation avec ce qui m'a été honteusement déclaré par les gardes, j'en déduis que des quantités importantes de poissons sont destinées à être détruites de façon gratuite. Il n'y a pas d'autres alternatives possibles ... soit on vend et contamine des familles entières, soit on détruit en restant dans le cadre de la loi. Dans quel pays vit-on ? ... pauvre France !

Tu noteras que cet article fait abstraction du problème majeur et très inquiétant en ce qui concerne la Saône, à savoir la régression spectaculaire de toutes les espèces nobles ou fragiles, surtout depuis ces quatre ou cinq dernières années. La cause ? Les pesticides ou autres produits chimiques. Mais pourquoi parlerait-on de ces pollutions qui déciment directement les poissons ou nuisent à leur reproduction. Rien à fiche des poissons ! Parlons en priorité des risques liés aux PCB, et qui mettent la santé de l'homme en péril.

Le Rhône est soumis lui aussi aux pollutions des PCB, n'empêche que la population piscicole est exceptionnelle toutes espèces confondues. La Saône elle, se meurt d'année en année. J'ai parcouru ses berges durant cinquante ans, elle était reconnue comme étant la rivière la plus poissonneuse de France, elle était ma seconde épouse, j'en étais amoureux. Je ne la reconnais plus depuis quelques années, elle ne me véhicule que de la pitié. Ils nous l'ont tuée et je le criais haut et fort, mais on me rétorquait que je me faisais des idées, que j'étais pessimiste, que ça s'arrangerait etc ...
Mes yeux qui ne voyaient qu'au travers de cette rivière, ont vu sa couleur verte pleine de vie virer à un marron suspect et prolongé dans l'année, ses berges prendre une teinte sombre et triste, ses innombrables coins prolifiques réduits à des déserts, les ballets de carpes laissant place au silence ... le néant !


C'est irrémédiablement fichu pour la Saône, les berges sont désertes et le nombre très amoindri de pêcheurs s'est retranché sur le Rhône chargé de PCB certes mais relativement épargné par ces saletés de produits déversés par les agriculteurs ... premiers pollueurs de nos rivières. La Saône l'a payé très cher !

Ce qui peut nous rassurer, c'est qu'il ne soit pas démontré ou prouvé que le PCB ait une incidence directe et néfaste sur la santé du poisson ou sur sa reproduction. Il porte le PCB dans ses graisses mais aucun signe apparent et alarmant ne nous conduit à une quelconque inquiétude.

Ce qui peut nous offusquer par contre c'est ce discours mesquin et incohérent de nos dirigeants, fédés, services de navigation, qui ne veulent en aucun cas admettre que nous pêcheurs sommes dans le vrai, à savoir instaurer un no-kill total appuyé par un paragraphe net et précis : " il est interdit de prélever le poisson quelle qu'en soit l'espèce "... Cette initiative préservant ainsi la gente piscicole en concordance avec les nouvelles mentalités et préservant de façon crédible et saine la santé de l'homme sans équivoque possible.

Ce comportement laxiste et lâche doit être dénoncé. Je suis prêt et motivé pour m'impliquer dans cette dénonciation. Démarche insignifiante de ma part... mais en tout cas j'aurai le sentiment d'avoir les cuisses propres.
Avec mon collègue Jean nous avons largement insisté auprès des gardes afin que notre message soit pris en considération et remonte auprès des instances dirigeantes lors d'une de leurs nombreuses réunions. Nous verrons s'il y a un retour mais je ne me berce pas trop d'illusions.

Allons-nous (nos enfants surtout ) être expulsés petit à petit de nos fleuves / rivières, devant délaisser nos VRAIS poissons et être contraints de rejoindre des plans d'eau ou autres " trous à pisse " pour se consoler avec des poissons ( qui n'en sont pas ) numérotés et répertoriés ? Si cet avenir est promis à nos enfants, je bénis le ciel de m'avoir permis d'échapper à cette parodie ridicule et cette passion absente de valeurs.



Ma réponse à Joël

Salut Joël

Bien triste constat et bel article.

Il est clair que face au problème des pollutions chroniques les fédés de pêche ont le cul entre deux chaises, et cette affaire le met bien en lumière : tirer la sonnette d'alarme et perdre de nombreux pratiquants, ou minimiser le problème et faillir à leur mission de protection des milieux aquatiques.

Il est tout de même paradoxal que ce soit un pêcheur professionnel, qui aurait tout intérêt à passer l'affaire sous silence, qui donne l'alarme tandis que les pêcheurs à la ligne font le canard...

Pour ce qui est des taux de PCB par espèce, il faudrait avoir accès aux données détaillées des échantillonnages. Si les mesures sont faites sur des sandres ou brochets de 40 cm, rien d'étonnant à ce que le taux soit faible, alors qu'un poisson de 80 cm aura lui au fil des ans concentré le PCB dans ses tissus.

N'importe qui ayant un minimum de connaissance en écologie sait comment fonctionne une chaîne alimentaire et connaît le principe de concentration des substances non éliminées. Tout ce passe un peu comme si l'on s'efforçait de ne pas chercher au bon endroit, histoire d'être sûr de ne pas trouver...
Toutefois, faute de communication efficace sur le sujet, on ne peut pas exclure que certaines espèces concentrent davantage le PCB que d'autres, et ce indépendamment de leur position dans la chaîne alimentaire.

Pour ce qui est des pollutions diffuses d'origine agricole (pesticides notamment), je pense que ce sera le grand scandale de ce siècle, le jour où l'on se décidera à regarder la vérité en face.
J'espère me tromper mais je crois que ce problème de PCB fera figure d'aimable plaisanterie en comparaison, car il reste localisé aux grands cours d'eau, alors que la pollution d'origine agricole est partout, y compris dans nos nappes phréatiques.

5 commentaires:

barques TECHNOSTRAT a dit…

bonjour, comment serait il possible de vous contacter.
par email? ou tel?

Bien cordialement,

Fabrice Delgrange

Guez / Ro'F a dit…

Hello,
Je suis effondré en lisant cet article. Quel intérêt de pêcher pour ensuite tuer et détruire ? On nous prend vraiment pour de sombres imbéciles.
Les pesticides, oui, scandale du siècle avec répercussions sur les organismes vivants, la reproduction, le développement des cellules...
Mais comme dit l'adage, ce qui est caché n'est plus à voir.

Salmosalar a dit…

Bonjour,
effectivement, comme le dit Joël, dans la région lyonnaise nous sommes encore confrontés à une aberration (une de plus). Le Rhône est depuis un certain temps sous le coup de l'arrêté préfectoral interdisant la consommation et la vente des poissons. Ce qui signifie (deux gardes fédéraux nous l'ont confirmé récemment), que rien n'interdit de capturer, de tuer et d'emporter à la maison n'importe quel poisson. Une fois à la maison, on peut toujours le cuisiner....mais il est interdit de le bouffer!
Et pour avoir fréquenté assidument les rives du fleuve (surtout sur le Grand Large et le canal de Jonage au nord de Lyon) avant la fermeture du brochet, je peux vous assurer que de (trop) nombreux pêcheurs (surtout au vif) continuent à garder brochets, perches et sandres et toute légalité...puisqu'à ma connaissance aucun garde n'a été invité à leur table afin de vérifier si le poisson était ou non consommé.

Sur la Saône maintenant reconnue contaminée elle aussi aux PCB (il faudrait aussi se pencher sur les pesticides), pas de problème, on peut continuer à pêcher et à déguster nos carnassiers, qui, en bout de chaîne alimentaire, échappent miraculeusement à tout empoisonnement.....sauf le silure.

Pour avoir assisté récemment à la dernière l'AG de l'ULPL (AAPPMA de Lyon....dont je ne fais pas partie), je peux vous dire que c'est la panique au niveau de l'hémorragie des cartes de pêche vendues. Et c'est là le noeud du problème. Ces messieurs de la fédé du Rhône, et de certaines AAPPMA ont peur de se retrouver à la rue si l'hémorragie continue. Alors pas question d'imposer le no-kill. Ils font le choix délibéré de risquer que de pauvres pêcheurs inconscients et non avertis continuent à s'empoisonner (et à empoisonner leur famille) avec du poisson intoxiqué plutôt que de risquer que ces mêmes pêcheurs ne prennent plus leur carte.
D'ailleurs, même les soi-disant "amateurs aux engins " peuvent continuer à sévir. Que font-ils de leurs poissons? De l'engrais aux PCB pour les champs de maïs de la plaine de la Saône? D'ailleurs il serait intéressant d'aller faire un tour dans les frigos et congélateurs de certains restaurateurs peu scrupuleux des bords de Saône et du Rhône. L'un d'entre eux m'a avoué récemment acheter régulièrement ses sandres à un pêcheur à la ligne....et ses clients se délectent avec "le filet de sandre sauce pyralène".

Selon moi, se pose une question qui va au delà de la protection de la ressource: on se trouve confronté à un réel problème de santé publique. Si TREDI et d'autres industriels en sont les initiateurs et doivent payer, c'est aujourd'hui les pouvoirs publics et les fédérations de pêche qui sont en charge d'en gérer les conséquences et en deviennent donc les responsables actuels. Or, même sur les cartes de pêche délivrées par les AAPPMA du Rhône, pas un mot sur les zônes contaminées et sur les interdictions liées à la pollution. On continue à inscrire les tailles légales des différentes espèces, et on peut toujours conserver 50 sandres par jour si on en a envie.....comme si de rien n'était.
Pour ma part, j’ai choisi d’accomplir le geste militant qui consiste à prendre chaque année ma carte de pêche à l’UPRA, car cette association, avec en tête son président Daniel Rojon, est à mes yeux infiniment plus méritante que la plupart des autres AAPPMA de la région. De plus, elle donne exactement les mêmes droits quand on veut pêcher en 2ème catégorie n’importe où en France.
J’encourage vivement tous les pêcheurs de carnassiers à faire de même.
Vous pouvez visiter le site de l’UPRA: http://www.basserivieredain.com/Infos.html

Donc, j'en appelle aux compétences associatives et juridiques des uns et des autres pour vous poser quelques questions:

- Une AAPPMA (et à fortiori une fédération) peut-elle aller au delà du décret préfectoral au niveau de la réglementation (en imposant le no-kill sur les parcours concernés par la pollution)
- Peut-on faire modifier le décret préfectoral et comment?
- Est-il envisageable d'intenter une action juridique (individuelle ou collective) contre la fédération concernée (ou/et l'Etat) pour manquement au principe de précaution concernant un problème de santé publique. Et dans ce cas comment doit-on s'y prendre?
.....et je suis naturellement preneur pour toute suggestion ou conseil allant dans ce sens.

Merci et à bientôt.

Jean

Anonyme a dit…

bon coin pour la peche

filfish a dit…

Hello Michel je pratique la photo sub et je souhaiterai devenir pro , pour mieux comprendre je t'invite a aller sur mon blog http://filfish.over-blog.com/ je suis un hyper passionné des carna d'eau douce et je veux faire quelque chose d'utile pour les defendres la photo est un moyen que je maitrise , qu'en pense tu ?